Refuge de la Glère, 1er et 2 février 2024
Afin de développer l’activité de ski de rando, le bureau a souhaité permettre aux motivés de débuter un cycle de formation pour encadrer des sorties club. L’hiver nous faisant un peu défaut cette saison, le créneau a été replanifié plusieurs fois, mais notre équipe a tenu bon et c’est ainsi que Gabriel, Alexandre et Guillaume se retrouvent avec notre guide Florian un peu au-dessus de Barèges.
L’objectif de ces deux jours : beaucoup de pratique dans la journée, et une couche de théorie le soir, sur des thèmes variés. Préparation d’une sortie, gestion du risque, itinéraire, gestion du groupe etc., un beau programme. Et puis même si les conditions de neige s’apparentent plus à une fin de printemps, on n’exclut pas de faire du bon ski si l’occasion se présente !
A la sortie de la voiture, nous finissions de préparer les sacs, assez lourds pour ces deux jours en refuge non gardé. Baskets aux pieds, skis sur le sac, et nous nous échauffons avec une heure de portage sur la piste qui monte à la Glère. Un peu avant 1900m d’altitude, nous pouvons enfin chausser les skis, ce qui allègera nos épaules de quelques kilos. Nous discutons de choses et d’autres et rejoignons le refuge assez rapidement. Ce portage tant redouté n’aura pas été tant désagréable finalement.
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Conditions typique de ski de févrimai
Une fois les sacs délestés au refuge, nous réfléchissons à la suite. Nous avions décidé la veille de ne pas faire une trop grosse première journée, afin de permettre une course assez longue le vendredi. Nous partons donc en direction de la Hourquette de Mounicot, en passant sous les crêtes de la Mourèle, sur des pentes Ouest qui prendrons tranquillement le soleil pendant que nous grimpons.
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Un enneigement dément qui permet de travailler la dextérité et le slalom
Le manteau neigeux est très stabilisé en ce moment, aussi la nivologie ne nous préoccupe pas trop. Par contre, sur ces conditions printanières le risque majeur est une glissade sur la neige dure ou la glace. Après un premier passage ombragé où la neige est restée très dure, nous enfilons les couteaux pour assurer l’accroche dans les parties raides.
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La ballerine du Mounicot
Une fois arrivés à la Hourquette, nous faisons une bonne pause en attendant que la couche de neige décaillée s’épaississe… Le paramètre clé pour le bon ski dans ces conditions, c’est le timing : trop tôt et la neige est encore dure en haut, trop tard et c’est de la soupe en bas… Pendant que nous reposons les cuisses, un gigantesque nuage d’écobuage se rapproche à vue d’œil, ce qui nous gâche bien la vue vers l’Ouest…
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Regards inquiets alors que le fumoir géant s’approche
S’en suivent quelques jolis virages agréables sur les pentes ensoleillées, entrecoupés des conseils de Florian sur la recherche d’itinéraire. C’est un bon terrain pour l’apprentissage car les alentours du refuge sont plein de petits vallons et de lacs, où il faut être un peu malin pour assurer une descente fluide qui ne finit pas dans un creux qui obligerait à repeauter pour rentrer.
De retour au refuge dans les odeurs de foin brûlé de l’écobuage, nous échangeons les infos sur les conditions avec les quelques skieurs qui partageront la soirée avec nous. Il faut assez vite s’atteler aux corvées de bois et d’eau. Heureusement le réfectoire est équipé d’un poêle efficace qui nous aidera bien pour faire fondre la neige.
Pendant que la neige fond, Florian profite de l’apéro pour nous partager quelques enseignements. Débriefing avec le « Pépite ou Rateau », et surtout préparation de sortie avec la cartographie systémique des vigilances.
Nous préparons ensuite deux options de sorties pour le lendemain : le pic d’Arrouy et sa belle pale Est qui offrirait une superbe descente si le décaillage se fait bien, et une option plus ambitieuse mais sans doute avec du moins bon ski vers le pic de Néouvielle.
Tout le monde s’accorde sur cette seconde proposition, plus variée, plus belle et plus technique. Nous calons le timing afin de viser une arrivée à la brèche de Chaussenque au lever du jour, et nous calons la suite de l’itinéraire à partir des infos récupérées par divers canaux. Nous sommes tous excités par ce bel objectif, et il faudra bien le prendre en compte car cela pourra biaiser nos prises de décisions !
Vendredi matin, le réveil sonne à 5h45 et tout le monde s’agite. Malgré tout, nous chaussons les skis avec déjà 20 min de retard sur l’horaire visé. Florian nous laisse gérer l’orientation qui est un peu ardue dans ces vallons multiples, qui plus est de nuit. Le GPS est sorti une ou deux fois pour assurer le coup et nous arrivons assez tranquillement devant la fameuse cascade du lac vert.
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Skis aux pieds dès potron-minet.
Les difficultés vont alors commencer alors que le jour se lève. Nous attaquons une belle pente raide à gauche de la cascade, sur une neige béton où nous planterons bien les couteaux pour assurer le coup. Encore quelques conversions et nous arrivons sous la brèche qui est plutôt sèche. Nous grimpons alors les derniers mètres skis à l’épaule pour découvrir le magnifique panorama vers l’Est, et les couleurs magnifiques du début du jour.
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La ballerine de Chaussenque.
Le vent est glacial donc nous ne nous éternisons pas et descendons à pieds les quelques dizaines de mètres de l’autre côté de la brèche.
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Splendides virages sous la brèche.
La vue sur le sommet est alléchante et nous nous remettons en route. La pente se redresse lorsque nous abordons l’ancien glacier, et nous décidons de laisser les skis sur place pour finir avec la crampons. En effet la neige est très dure sur cette pente Nord, et nous ne gagnerons pas de temps à garder les skis, au contraire… Bâtons dans une main et piolet dans l’autre, nous gravissons à un bon rythme les 150 mètres restant.
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« Allez viens te baigner, elle est super bonne ! »
Le final est bien raide, un peu gazeux, une super ambiance pour ce magnifique sommet. La vue est bien dégagée sur les hauts sommets aux alentours, du Luchonnais au Balaïtous, en passant par le Mont Perdu et le Vignemale. Nous restons profiter du paysage malgré le froid, avant de descendre prudemment entre les gros blocs de granit. Le retour vers les skis se fait très rapidement dans une neige compacte qui porte bien.
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Nos compères qui se demandent s’ils ne seraient pas mieux avachis dans un canapé devant TF1 plutôt que sur ce tas de cailloux
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La ballerine du Néouvielle
Nous profitons un peu des rayons de soleil qui arrivent enfin sur la pente, et une fois les skis de nouveau aux pieds nous glissons en direction de la Hourquette d’Aubert. Celle-ci a été très soufflée par le vent et est complètement sèche, mais nous avons eu une info d’un passage alternatif assez astucieux plus haut sur la crête, le « point 2697 ». Nous cherchons un peu le passage et nous retrouvons sous une bonne pente où le passage apparait comme évident.
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Le poétiquement nommé « point 2697 »
Cette dernière remontée est en plein soleil, nous rangeons donc toutes les couches dans le sac avant d’attaquer les dernières conversions. Arrivés en haut, le passage est étroit, et surtout le clou du spectacle est le franchissement d’un petit tunnel crée par un bloc coincé. Avec les skis sur le sac cela demande un peu d’agilité !
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La ballerine 2697
Une traversée à flanc habilement gérée grâce aux traces laissées quelques jours auparavant, et nous voilà de retour à la Hourquette de Mounicot pour une dernière descente. On continue à travailler la recherche d’itinéraire en allant chercher d’autres petits vallons que la veille. Nous retrouvons rapidement la bonne couche de glace du lac de la Glère, puis la terrasse du refuge pour une bonne pause avant la descente sur la piste qui sera nettement moins plaisante !
Nous en ferons tout de même une bonne partie sur les skis, au prix de quelques fibres de quadriceps hachées par la neige en béton armé. Nous finissons donc en basket, tout en attaquant le débriefing, avant de retrouver une langue de neige artificielle sur les pistes de Barèges, à deux pas de la voiture.
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Séchage des skis et ventilation des chaussures
S’en suit un dernier débrief complet à Luz, autour d’un verre bien entendu ! Les deux jours auront été riches d’enseignements que nous sommes impatients d’appliquer… D’autant que les modèles météo semblent s’accorder pour annoncer une bonne chute de neige dont la montagne a bien besoin !
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Repos mérité. A imaginer avec les odeurs entremêlées de skieurs faisandés et de chocolat chaud viennois.
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